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Soumis par Louis-Alexandr… le ven 26/02/2016 - 13:56

Organisation : OCPM et Centre d’écologie urbaine de Montréal
Intervenants: Isabelle Gaudette, chef d’équipe, démocratie participative et citoyenneté et organisatrice communautaire
Moussa Sène, organisateur communautaire
Dominique Ollivier, présidente, Office de consultation publique de Montréal.

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Inclusion à la prise de décisions en urbanisme

La participation citoyenne avant et durant la vie des projets d’institutions publiques est pratiquement considérée la norme. Cependant, ce qui varie grandement, ce sont la forme, les objectifs et la mesure de pouvoir accordée aux contributions de citoyens.

Créé initialement pour éveiller les citoyens aux enjeux urbains, le Centre d’écologie urbaine de Montréal (CEUM) est un organisme dont l’approche combine l’intervention à l’échelle individuelle et collective sur des thématiques sociales, économiques, environnementales et de santé publique pour contribuer à la création de villes écologiques et démocratiques.

L’une des pratiques adoptées par le CÉUM pour favoriser l’engagement citoyen est l’urbanisme participatif. Contrairement aux démarches menées entièrement et uniquement par des experts, ce type de pratique d’aménagement s’enrichit du savoir expérientiel des citoyens habitant un espace. En fonction du rôle accordé à la contribution citoyenne, les techniques d’animation utilisées dans les ateliers de dialogue peuvent varier du partage d’information à la co-construction de solutions.

Lorsqu’elle permet aux citoyens d’apporter un savoir et prendre part de manière continue aux décisions d’urbanisme, l’OCPM associe cette pratique à celles de codesign. Cette pratique, à long terme, requiert une forte capacité de mobiliser les gens du milieu et d’animer les dialogues. Elle est utile lorsque l’acceptabilité sociale est primordiale et que la contribution citoyenne recherchée doit être précise et nuancée.

L’urbanisme participatif est un outil de la démocratie participative, mais l’échelle à laquelle il s’inscrit varie en fonction du niveau d’influence des citoyens. En engageant les résidents dans un processus collaboratif, surtout en amont d’un projet, l’urbanisme participatif favorise le partage de connaissances, la compréhension des enjeux, ainsi que la pertinence et l’acceptabilité sociale du résultat final.

Les bonnes personnes aux bons moments

Pour échanger sur les principes d’urbanisme participatif, les manières d’entrevoir l’engagement citoyen et les techniques d’animation à utiliser, le CÉUM a développé un guide [inclure le lien vers le guide]. L’entretien ci-dessous avec Moussa Sène, organisateur communautaire au Centre d’écologie urbaine de Montréal, vient complémenter le PowerPoint.

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Quelles pratiques utilisez-vous pour mieux cerner le public ?
Moussa Sène (MS) : « Ce qu’on fait c’est une analyse ou un mapping des acteurs en amont du projet. […] Pour chaque partie prenante, ce qu’on veut voir, c’est quel intérêt elle défend, et également quelle influence cette partie prenante peut avoir sur le projet ? En ayant ceci, on arrive à avoir une bonne idée pour savoir à quel moment on associe tel acteur au projet. L’idée n’est pas d’exclure des gens du processus, mais plutôt de les faire participer au bon moment. »

D’autres conférenciers ont parlé de la nécessité de séparer les espaces de participation en fonction du public visé. Comment voyez-vous ceci ?
MS : « C’est la même réflexion que nous avons. Souvent les gens ont tendance à faire des raccourcis en se disant que pour être démocratique, il faut que tout le monde soit là, et que tout le monde ait la possibilité de parler. Mais ce n’est pas vrai qu’en regroupant tous les acteurs, tout le monde sera aussi à l’aise de s’exprimer. »

Avez-vous un exemple d’une telle pratique ?
MS : « Dans [des projets d’urbanisme participatif], on fait appel à des citoyens et des professionnels en aménagement. Dans ces cas-là, on crée des espaces où les citoyens sont les experts des problèmes d’un territoire et les professionnels en aménagement sont des conseillers pour trouver les solutions. Plutôt que d’avoir une assemblée publique où on demande à tout le monde de parler des problèmes et des solutions, on crée plusieurs moments, par exemple, un avec les citoyens qui nous parlent de leurs problèmes, un autre moment avec les professionnels en aménagement qui voient quels sont les problèmes que les citoyens ont cernés et qui proposent ensuite des solutions. Ensuite on prend ces solutions pour retourner vers les citoyens pour savoir si c’est réaliste et adapté à leur milieu. »

Une fois la consultation terminée, que se passe-t-il ? Maintenez-vous un lien avec les participants ?
MS : « À ce niveau, on dit que pour qu’un processus soit participatif et qu’il ait du succès, il faut qu’il aille au-delà de la consultation. S’il y a plusieurs moments où on implique les gens dans la prise de décision, dans la réalisation de certaines activités, non seulement le projet se fait ensemble, mais une fois le projet terminé, en général c’est la population locale qui vit avec, et si elle a eu l’occasion d’y participer, elle peut en prendre soin. »

On fait fréquemment allusion à une perte de confiance des citoyens par rapport aux processus participatifs car le degré d’influence sur la décision finale n’est pas toujours important. Avez-vous des conseils pour restaurer cette confiance ?
MS : « Je pense que ce qui arrive, c’est qu’ils [les élus] ont peur de perdre le contrôle d’un processus ou d’une activité. Alors que justement, la participation comme n’importe quel processus, si c’est mal préparé, ça ne fonctionne pas. Mais au contraire, si c’est bien préparé, ça accorde davantage de contrôle. Parce que non seulement on contrôle le processus, mais on a une communication directe avec tous les intervenants, […] on sait ce qui se passe sur le terrain, comment les gens répondent aux propositions. Ça ramène le projet au niveau communautaire, au niveau local. Je parle de « contrôle » au sens noble du terme, pas un contrôle autoritaire, mais dans le sens qu’on est en maîtrise de son projet.
[…] Ce qui est intéressant, c’est que lorsqu’un processus est bien fait, qu’il est bien documenté, que les gens ont participé, il est possible qu’au final le projet ne fonctionne pas. Par contre, dans ce processus-là, lorsque les gens ont été impliqués tout le long et qu’au final pour une raison « x » ça ne fonctionne pas, ce n’est pas juste le promoteur du projet qui se retrouve à être accusé d’avoir fait échouer le projet. Les gens constatent qu’il n’y a pas eu de mauvaise volonté du promoteur, et par rapport à l’échec, tout le monde prend sa part de responsabilité. Les gens sont beaucoup moins négatifs vis-à-vis d’un promoteur. »

Comment votre organisme mesure-t-il les succès et échecs du point de vue de la population visée par l’initiative ?
MS : « Le CÉUM fait des évaluations à 2 niveaux : juste après l’activité et on le fait à plus long terme, des fois à 3 mois, des fois à 6 mois parce qu’à ce moment-là, les changements visés sont différents. Donc, juste après, ça vise l’appréciation, l’impression par rapport à l’animation, si les gens ont envie de participer de nouveau. Mais reconsulter 3 à 6 mois après, c’est pour voir si le changement que l’on vise est atteint ou pas selon eux. […] Ce qu’on vise à travers ces évaluations c’est de savoir quels sont nos bons coups et quels sont nos coups plus moyens, et comment on peut s’améliorer. On essaye toujours de voir si nos outils sont adaptés au contexte. […] On essaye d’avoir un apprentissage en continu grâce à cette évaluation. Ça nous permet également de valider notre contenu et nos façons de faire, et un peu aussi d’avoir une certaine légitimité parce que si les gens savent que leur proposition et leur évaluation sont prises en compte, ils sont beaucoup plus enclins à reparticiper à un processus. »

Quels seraient de grands enjeux de la consultation, la concertation et le codesign en 2015 ?
Arrimer le concept de ville intelligente à celui de budget participatif. Par exemple, en utilisant les technologies informatiques pour mieux informer les citoyens sur les questions budgétaires et leur permettre de voter le budget de la ville, voire même, leur permettre de suivre en temps réel l’utilisation du budget.

Pour en savoir plus

  • Centre d’écologie urbaine de Montréal
  • Institut du nouveau monde - Un billet sur les échelles de la participation publique.
  • Periferia en Belgique
    Les initiatives pour implanter des budgets participatifs dans les villes inspirent le CÉUM, et Periferia particulièrement. Cet organisme a documenté plusieurs démarches de budgets participatifs à travers le monde et a développé des outils pour les citoyens intéressés par le processus

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